Les glaciers sont un signe direct du changement climatique. Depuis 1850, le volume des glaces alpines a diminué de deux tiers. Ici, le glacier de Morteratsch en Suisse.
L’Agence européenne de l'environnement (AEE) publie son premier rapport sur l’état du changement climatique dans l’UE
L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement, deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Afin de pouvoir faire face aux conséquences du bouleversement climatique provoqué par l’Homme, l’Agence européenne de l'environnement (EEA) a publié début mars, en se basant sur les données du Centre commun de recherche (Joint Research Center) son premier rapport sur l’état du changement climatique en Europe. L’objectif de ce document est d'identifier les différents points de tensions dans différents domaines et de définir pour les décideurs politiques une échelle de priorité pour y faire face.
36 risques majeurs en Europe pour l’environnement
Le rapport EUCRA (European Climate Risk Assessment) dresse une liste de 36 risques majeurs en Europe répartis en cinq catégories : les écosystèmes, l’alimentation, la santé, les infrastructures ainsi que l’économie et la finance. Afin d’aider les décideurs politiques dans leurs actions, le rapport classe ces différents risques en fonction de leurs sévérités et de leurs évolutions au cours du temps, de l’urgence d’agir et du niveau de confiance accordé aux données relevées.
24 des 36 risques recensés requièrent davantage d’actions et 7 d'entre eux ont déjà atteint un niveau critique comme par exemple les mécanismes de solidarités européens, l’état des écosystèmes marins ou encore l’exposition des populations aux vagues de chaleur. Ces dernières, sur le seul été 2022, ont provoqué la mort de 60 000 à 70 000 personnes sur le “Vieux Continent”.
La nécessité de politiques plus ambitieuses
Les gouvernements des Etats membres sont encore loin de pouvoir appréhender ces problématiques, s’il est aujourd’hui évident que le coût de l’inaction est bien plus cher que le coût de l’action, très peu de pays disposent de données pour aiguiller leurs politiques. A l’échelle européenne, la France est le seul pays à disposer d’estimations des coûts de l’adaptation au réchauffement climatique, et ce seulement depuis avril 2024.
Les conclusions du rapport EUCRA sont sans appel, il faut mettre en place plus d’actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre et s’adapter plus rapidement si l’on veut garantir une transition socialement juste et équitable partout en Europe. Une communication de la Commission européenne aux autres institutions et agences européennes s’ouvre sur ces mots ‘‘La guerre et les incertitudes géopolitiques, le coût de la vie, les défis démographiques, la dégradation de l’environnement et les urgences sanitaires, les inégalités sociales, la polarisation politique et la désinformation, l’évolution rapide des technologies et les migrations imposent de prendre des mesures sur-le-champ.’’ Une introduction qui en dit long sur les finesses des interconnexions systémiques et sur la position centrale qu’occupe le climat. Le rapport insiste fortement sur la nécessité de faire croître la résilience des différents systèmes, notamment grâce aux mécanismes européens.
Des politiques européennes qui doivent gagner en ambition
Afin de favoriser la coordination des Etats membres face au dérèglement climatique, l’UE à investi sur le dernier quinquennat environ 118 milliards d’euros au titre des fonds de cohésion. Que ce soit sur le Fond européen de développement régional (FEDER),Fonds social européen Plus, la Politique agricole commune, la Politique commune de pêche, le mécanisme de protection civil de l’UE, la directive sur la résilience des entités critiques, la directive-cadre sur l'eau, ou encore la loi sur la restauration de la nature ou les plans nationaux en matière d’énergie et de climat (PNEC), l’UE à dors et déjà mis en place de nombreux instruments et textes ayant pour objectif d'augmenter la résiliences des secteurs économiques, de protéger les écosystèmes et de s’adapter aux changements climatiques.
Une approche pour une cohérence systémique reste néanmoins lacunaire et les efforts déjà fournis doivent se poursuivre et s'intensifier si l’on veut garantir une transition stable et équitable. Une action concertée à tous les niveaux et la définition d’une trajectoire claire vers l’amélioration de la préparation et de la résilience reste à mettre en place.